Faut il aller voir James Bond 007 : Spectre

James Bond 007 – On ne présente plus Daniel Craig qui campe le rôle de James Bond depuis bientôt 10 ans, ni l’agent 007 qui surgit fréquemment à  l’écran depuis le début des années 60. On se demande alors pourquoi après cinquante ans d’histoire, Spectre porte aussi bien son nom, passant derrière nous comme un fantôme, une sensation que l’on dénote à  peine et qui ne laisse aucune empreinte, aucune saveur que l’on ne voit pas.

James Bond 007 : Le grand blond avec une tenue noire…

Le quatuor de longs-métrages porté par Danny avait pourtant de quoi convaincre, plus noir et plus froid que ces prédécesseurs, jouant la carte d’un personnage ayant du relief, malgré son devoir de ne rester personne. Pour cause, Casino Royale nous mettait aux prises avec un antagoniste complexe au cœur d’une partie de poker haletante, doublée d’un vrai sens du contemplatif et d’une histoire d’amour aussi réaliste qu’inattendue pour le tombeur british qui ne reste jamais longtemps au même endroit.

James Bond 007 : Le grand blond avec une tenue noire...

Si l’on ne reviendra pas vraiment sur l’écueil que constitue alors Quantum of Solace, on retiendra en revanche l’incroyable Skyfall, amer dans toute sa splendeur et diablement inventif sur de nombreux détails, aussi bien de mise en scène que de retournements scénaristiques. Javier Bardem offrait là une interprétation magistrale, donnant par la même à  la saga une excellente histoire de vengeance et un face à  face entre deux personnages au fond si proches l’un de l’autre, qu’on se demande s’ils veulent réellement s’entretuer.

Quand on apprend alors que Sam Mendes (réalisateur aux multiples facettes à  qui l’on doit les monuments American Beauty, Les sentiers de la perdition, Jarhead, ou encore les Noces rebelles) se chargera en prime de clôturer lui-même la saga qu’il venait de transcender avec son vingt-troisième opus, on a de quoi rêver. C’est une fois assis dans la salle, toutes lumières éteintes, son sachet de pop-corn dans les mains, que la séance commence à  virer au cauchemar

Spectre : une surenchère de clichés ?

Si nombre d’aficionados n’y verront rien de novateur, force est de reconnaître que le joli plan séquence qui sert d’intro à  Spectre dans les rues de Mexico est pourtant tout ce qu’il y a de plus convaincant et efficace en termes d’entrée en matière. C’est esthétique, dynamique, et totalement dans le thème. Le problème, c’est que cette scène qui dans toute sa splendeur sent tout de même un peu le déjà  vu, s’avère être la seule qui vaille le détour. Le film s’embourbe en effet très rapidement dans la surenchère de clichés et la succession de situations improbables, et donc incompréhensibles.

Dave Bautista se voit ainsi relégué sans surprise au rang de gros malabar méchant, bourrin et muet dont la seule réplique sera un magnifique « Et merde » calé à  un moment pas du tout téléphoné Si certains seront ravis de revoir Andrew Scott depuis son interprétation génialissime de Moriarty dans Sherlock, ils s’avèreront en revanche déçu par l’assommant complot grillé dès la première seconde qu’il manigance.

Le fait est que les personnages suscités sont somme toute relativement secondaires dans l’intrigue du film, et c’est là  qu’on en vient aux points qui font plus mal. Léa Seydoux incarne la jeune docteur Madeleine Swann, parce que ça fait classe d’avoir une french touch pour une James Bond girl, et son amourette avec l’agent du MI6 est aussi improbable que consternante. Nous ne parlerons même pas de Monica Bellucci, visiblement en fin de carrière et utilisée en vitesse ici comme petit coup de passage, qui finira sa prestation comme son personnage : à  poil et souillée.

Reste donc le grand manitou, celui que l’on attendait depuis le premier trailer. Christoph Waltz, acteur révélé avec son rôle du colonel Hans Landa dans l’Inglorious Basterds de Quentin Tarantino n’est ici autre que Franz Oberhauser, leader de l’organisation Spectre.

Outre le fait qu’il s’agisse d’un réseau d’ampleur internationale capable de renverser la tendance politique et économique de plusieurs secteurs dans de nombreux pays, ce groupe, et surtout son chef, cache quelque chose de plus vicieux encore, et pourtant tellement simple. Malheureusement, ce qui aurait pu être ici un deuxième affrontement psychologique à  la Skyfall et amener à  une fin idéale pour la série de Craig se voit tout simplement transformé en vulgaire farce. Le secret qui lie Oberhauser à  Bond n’est en rien d’une incroyable originalité, mais cette révélation sèche et ironique aurait tout à  fait pu être dans la veine de ce qui nous avait été servi jusque-là .

Tout aurait pu correspondre à  la perfection, si monsieur Franz n’était pas un moralisateur à  deux balles qui jacasse autant pour ne rien dire. Certes, le cynisme sied tout à  fait à  ce méchant manipulateur qui n’a que rarement recours à  la violence lui-même, ou alors seulement par l’intermédiaire de pièges sournois. Malheureusement, Spectre se résume au final à  une énième alliance de vilains bonhommes qui veulent contrôler le monde, et lorsque l’on découvre le pot aux roses, plusieurs des anciens némésis de Bond perdent alors instantanément en stature.

Couplons à  tout cela le fait que des incohérences se glissent ici et là , et que le James brisé et vieillissant que l’on nous présentait dans Skyfall est tout ce qu’il y a de plus magnifique et impérieux malgré ses presque cinquante balais. Vous ressortez alors avec une fin prévisible, un arrière-goût de cendres dans la bouche et la cruelle impression de vous être bien fait niquer depuis quatre films pour obtenir cette conclusion par une machination pire encore que celle de tous les méchants de Spectre réunis.

Le verdict : on est déçus !

Qu’est-ce qui sauve Spectre se demandera-t-on alors ? En un mot : sa réalisation. Sam Mendes a l’art du plan habile, il sait filmer l’action et nous en met plein la vue. On est loin des cuts barbares et de la tremblote habituelle qui rendent la plupart des scènes en tant soit peu nerveuses indigestes. Cependant, même si l’on admettra que James Bond, c’est avant tout de l’action et du divertissement, on ne peut s’empêcher de pester lorsque l’on constate que le verdict est quand même sans appel il s’agit là  d’une belle daube.

La déception se fait vraiment sentir au final, surtout quand on sait de quoi Mendes est capable ; encore plus lorsque l’on regarde à  nouveau le volet précédent, également réalisé par ses soins et à  mille lieues de cette déconvenue. On s’admettra donc triste que Daniel Craig passe le bâton sur ce dernier morceau. Même s’il n’était pas le James Bond que tout le monde imaginait, il a au moins joué le contre-emploi jusqu’au bout et nous aura au final proposé des opus de très haute volée si l’on s’en réfère à  l’ensemble de la saga. Reste qu’en définitive, on ressort en trainant la patte alors qu’on courait en direction des salles obscures pour aller mater la bête. Nous n’avons plus qu’à  patienter déconfits en attendant de voir qui sera la prochaine recrue du MI6. Sans nécessairement connaître des jours meilleurs, elle aura peut être une fin plus digne et élaborée. C’est en tout cas tout ce qu’on lui souhaite.

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